Supervision ou analyse des pratiques professionnelles ?
L’analyse des pratiques professionnelles, la supervision, la régulation d’équipe… Ces termes recouvrent des réalités très différentes. Il en est de même pour les animateurs qui animent ces sessions dans les secteurs sociaux , éducatifs, médicosociaux, sanitaires.
Ces pratiques peuvent s’adresser à un individu ou à une équipe, inclure le professionnel ou le personnel, mettre l’accent sur l’expérience ou la théorie.
L’ animateur peut travailler avec un professionnel ou un groupe de professionnels dans une position d’expert ou dans une position d’accompagnateur. L’animateur expert, analyse, évalue, donne des solutions aux problèmes, et ses interlocuteurs attendent ses savoirs.
L’animateur accompagnateur part du principe que le professionnel ou le groupe est en mesure de trouver sa solution. Ce qui ne signifie pas qu’il puisse la trouver seul. Le rôle de l’animateur est de l’accompagner dans un processus : de l’expression du professionnel à sa compréhension. Son attitude doit demeurer neutre et favoriser l’expression par la reformulation.
Ce n’est ni une étude de cas à relier à des concepts théoriques, ni un outil de résolution des problématiques rencontrées par les usagers, ni un partage de techniques ou méthodes entre professionnels.
Mais il s’agit de penser sa pratique et de mettre au travail sa posture professionnelle.
Je travaille de cette dernière façon, en accompagnant des professionnels et des groupes de professionnels dans leur processus d’élaboration de leurs pratiques professionnelles.
L’analyse des pratiques professionnelles est un outil de mise à distance, de ressourcement, d’élaboration sur ses pratiques et le cadre de leur exercice. C’est un espace de liberté car espace de parole où les professionnels peuvent faire part de leurs doutes et interrogations.
Pour cela, un cadre et des règles doivent être énoncés et partagés par les professionnels, rappelés à chacune des séances et tenus tout au long du processus.
Les règles ont pour but d’instaurer un climat confiant et bienveillant : une écoute mutuelle, le non jugement de la parole des autres et de la personne qui parle, la confidentialité des propos énoncés au cours des séances, le respect d’un climat de bienveillance.
Le travail du professionnel ou du groupe porte sur des vécus réels, plus ou moins actuels, dans tous les cas qui occupent le professionnel, le questionnent. Des vécus par rapport auxquels il cherche à accroitre sa capacité de prise de recul. Ce vécu fait l’objet d’un récit, présenté sous des formes variées.
Dans un groupe de professionnels, le vécu exposé focalise l’attention de tous. En même temps, il y a d’autres situations professionnelles vécues par chaque participant non exposant à ce moment là, non élaborées dans le groupe, mais qui cheminent dans l’esprit de chacun. A mesure que progresse le travail, chacun va faire des liens avec ses propres vécus et être stimulé dans sa réflexion. Autrement dit, chaque participant est relié à sa pratique et y travaille d’une manière ou d’une autre.
C’est une démarche expérientielle, le professionnel énonce son expérience, prend de la distance, donne du sens à cette expérience et à ses émotion. En ce sens, le professionnel développe sa capacité à auto analyser les situations professionnelles qui l’interrogent, le perturbent ou lui posent problème.