Psychanalyse avec les bébés

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Se présenter comme psychanalyste avec les bébés peut étonner, surprendre, interroger.
Et pourtant, c’est possible ! Puisque les bébés ont le langage !
Le psychanalyste d’enfants ne diffère en rien du psychanalyste d’adultes, quelque soient l’âge et la situation. Accueillir des nourrissons s’avère possible, essentiel même.

Mon postulat de départ est que l’enfant, à tout âge, peut souffrir et donc bénéficier de l’acte analytique. Un enfant n’est pas uniquement l’enfant-symptôme de la famille, il est lui-même un sujet à part entière.

Un enfant n’a pas seulement droit à la parole, mais aussi à ce que cette parole soit entendue et traitée comme telle.

Sans parole ou avant qu’il ait la parole, le corps parle. Le corps parle des expériences vécues. Nombre de traumatismes s’expriment dans des symptômes liés à l’absence de paroles vraies à propos des traumatismes.

Le psychanalyste avec les bébés écoute le fonctionnement de l’organisme comme il écoute les paroles d’un adulte, le récit d’un rêve ou le dessin d’un enfant.
Le psychanalyste est là pour permettre de symboliser la souffrance, non pas pour réparer, consoler ou compatir. Il ne peut pas changer le passé et ne cherche pas à modifier l’avenir dans la réalité.

Travailler avec des nourrissons permet avant tout de mettre en mots ce qu’il vit, tout non-dit entraînant une rupture dans son processus de symbolisation qui s’exprime en premier lieu par le symptôme.
Je m’adresse directement au bébé, je le désigne comme un sujet à part entière, je lui offre la possibilité d’habiter son corps, en symbolisant sa souffrance, en réordonnant son histoire et ainsi lui permettre d’assumer ses prérogatives de sujet en lui assurant son identité originelle.

Les symptômes qui motivent une demande de rendez-vous concernent les troubles des fonctions corporelles tels que maladies de peau, difficultés digestives, infections à répétition, troubles respiratoires, absence d’appétit… Mais aussi les troubles comportementaux tels que les colères, le mutisme, l’absence de regard franc, l’inhibition…

Ce texte est inspiré des mots que Caroline Eliacheff, psychanalyste, utilise pour décrire sa pratique dans son livre A corps et à cris, Ed° Odile Jacob, 1994. J’ai assisté, avec d’autres, pendant deux ans à ses consultations avec les nourrissons. Ma pratique s’inspire de cette expérience.